Vous souffrez de ballonnements réguliers, de ventre gonflé après les repas, ou de gaz intestinaux qui perturbent votre quotidien ? Vous n’êtes pas seul. Les ballonnements sont l’un des motifs les plus fréquents de consultation en gastro-entérologie. Pourtant, leur origine reste mal comprise du grand public.
Loin d’être un simple désagrément, ils peuvent révéler des troubles digestifs sous-jacents. Selon les dernières recommandations de l’AGA (American Gastroenterological Association, 2023), quatre grandes causes sont à rechercher systématiquement : la constipation, les intolérances alimentaires, le SIBO, et la dyssynergie abdomino-phrénique.
Dans cet article, nous allons détailler chacune de ces causes, leurs mécanismes, leurs symptômes caractéristiques et les solutions naturelles ou médicales pour les traiter efficacement.
1. Constipation : une cause mécanique de ballonnements
La constipation est une cause majeure de ballonnements. Elle ralentit le transit intestinal, ce qui entraîne une accumulation de gaz, de matières fécales et une dilatation du côlon. Ce ralentissement mécanique provoque une sensation de pression abdominale, de lourdeur et parfois de douleurs en bas du ventre.
Comment la reconnaître ?
Moins de 3 selles par semaine
Selles dures, en petites boules (type 1 ou 2 sur l’échelle de Bristol)
Sensation d’évacuation incomplète
Besoin de forcer ou d’utiliser les doigts pour évacuer
Parfois selles formées, dures puis diarrhée (diarrhée du constipé).
Mais attention : certaines personnes constipées n’en ont pas conscience, car elles vont à la selle tous les jours… sans bien évacuer. On parle alors de constipation terminale, souvent liée à un trouble de la coordination des muscles du plancher pelvien, comme la dyssynergie défécatoire. Parfois ce type de constipation peut également se transformer en diarrhée. C'est-à-dire plusieurs jours de constipation (ou rétention) puis une crise de diarrhée qui va vider l'intestin. Ces phases là peuvent également provoquer des ballonnements.
Traitements naturels recommandés :
Alimentation riche en fibres douces (graines de chia, psyllium blond, compote de pommes)
Hydratation suffisante (1,5 à 2 L d’eau par jour)
Activité physique modérée mais régulière (marche, yoga)
2 kiwis par jour
Psyllium / optifibres
Magnésium
En cas de dyssynergie : biofeedback, kinésithérapie pelvienne
A lire : remède de grand-mère constipation
D’après l’AGA 2023, la constipation est la première cause à explorer en cas de ballonnements chroniques, surtout si elle coexiste avec un syndrome de l’intestin irritable avec constipation (SII-C).
2. Intolérances alimentaires : FODMAP, gluten, lactose…
Les intolérances alimentaires sont responsables d’une grande partie des ballonnements fonctionnels. Les sucres fermentescibles appelés FODMAP sont les principaux coupables : ils échappent à la digestion, fermentent dans le côlon et produisent du gaz.
Parmi eux :
Fructose (dans les fruits, miel)
Lactose (dans les produits laitiers)
Sorbitol, mannitol (dans les chewing-gums, pommes, champignons)
Fructanes et galacto-oligosaccharides (dans l’ail, l’oignon, le blé…)
Mais ce n’est pas tout. Le gluten est aussi impliqué, surtout chez les personnes souffrant de maladie cœliaque ou de sensibilité non cœliaque au gluten (NCGS). Par ailleurs, des études montrent que dans de nombreux cas, ce ne serait pas le gluten, mais les fructanes (FODMAP) contenus dans le blé qui seraient à l’origine des symptômes.
Signes à surveiller :
Ballonnements après les repas
Gaz intestinaux
Diarrhée ou constipation associée
Fatigue, maux de tête, brouillard mental après certains aliments
Solutions naturelles :
Diète FODMAP en 3 phases (restriction, réintroduction, personnalisation)
Régime sans gluten strict si test positif à la maladie cœliaque et essai du régime sans gluten en cas de sensibilité au gluten.
Supplémentation en enzymes digestives si nécessaire (lactase, alpha-galactosidase)
Télécharger le guide des 300 aliments pauvres en FODMAP
3. SIBO : une flore intestinale déplacée dans l’intestin grêle
Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) désigne une prolifération excessive de bactéries dans l’intestin grêle, normalement peu colonisé. Ces bactéries fermentent les glucides ingérés et produisent des gaz (hydrogène, méthane, sulfure d’hydrogène), provoquant ballonnements, gaz, douleurs et diarrhée.
Selon l’AGA, le SIBO est à suspecter en cas de :
Ventre gonflé en permanence
Ballonnements post-prandiaux (dans les 30 à 60 minutes après le repas)
Alternance diarrhée / constipation
Intolérance aux fruits et aux légumes : ail, oignon, choux, pomme...
Symptômes persistants malgré une alimentation adaptée
Antécédents de chirurgie digestive, d’usage chronique de IPP, ou de maladie auto-immune
Diagnostic SIBO IMO :
Test respiratoire au glucose ou au lactulose (avec dosage de l’hydrogène et du méthane)
Plus rarement : aspiration du liquide duodénal pour culture bactérienne (ne se fait pas en france)
Article complet : diagnostic du SIBO
SIBO traitement naturel et médicamenteux
Antibiothérapie ciblée (rifaximine, métronidazole…)
Diète FODMAP post-traitement pour limiter les rechutes
Soutien du microbiote avec des probiotiques adaptés (ex. : Bacillus coagulans, Saccharomyces boulardii)
Huile essentielle d’origan, berbérine
Certains patients souffrent d’une variante appelée IMO (Intestinal Methanogen Overgrowth), avec une production excessive de méthane, souvent associée à une constipation tenace.
4. Dyssynergie abdomino-phrénique : quand le diaphragme fait gonfler le ventre
Peu connue mais pourtant fréquente, la dyssynergie abdomino-phrénique (DAP) est une mauvaise coordination entre le diaphragme et les muscles abdominaux. Normalement, lors d’une distension abdominale, l’abdomen se contracte et le diaphragme se relâche. Mais en cas de DAP, c’est l’inverse qui se produit.
Résultat : le diaphragme pousse vers le bas, les muscles abdominaux se relâchent… et le ventre gonfle visiblement, comme un ballon. C’est un trouble fonctionnel sans excès de gaz réel, souvent aggravé par les repas et le stress.
Article complet : La dyssynergie abdomino-phrénique
Symptômes fréquents :
Ventre très gonflé visuellement, surtout après les repas
Sensation de ballon, inconfort ou pression abdominale
Ballonnement non soulagé par l’évacuation de gaz
Absence de cause organique à l’imagerie
Traitements recommandés par l’AGA :
Respiration diaphragmatique lente et profonde
Thérapies comportementales (hypnose, TCC)
Neuromodulateurs (type antidépresseurs à faible dose, ex. amitriptyline, duloxétine)
Entraînement à la coordination diaphragmatique avec biofeedback
Une étude citée par l’AGA a montré que la majorité des patients atteints de DAP présentent une hypersensibilité viscérale et une réponse émotionnelle exacerbée au stress digestif. La prise en charge repose donc sur l’axe intestin-cerveau.
Conclusion : identifier la cause des ballonnements pour mieux les traiter
Les ballonnements ne sont pas une fatalité. S’ils deviennent chroniques ou s’accompagnent de douleurs, de troubles du transit ou d’un inconfort durable, il est essentiel d’en identifier la cause sous-jacente.
Voici un récapitulatif des 4 causes principales :
Constipation : lenteur du transit ou dyssynergie pelvienne
Intolérances alimentaires : FODMAP, gluten, lactose, etc.
SIBO / IMO : prolifération bactérienne anormale dans l’intestin grêle
Dyssynergie abdomino-phrénique : trouble de coordination diaphragmatique
Chacune nécessite une approche personnalisée, alliant alimentation, diagnostic fonctionnel et rééducation si besoin. Une approche naturelle, progressive et guidée par des professionnels formés permet souvent de retrouver confort et qualité de vie.
À propos de l'auteur
Je suis Joris Vanlerberghe, naturopathe spécialisé dans les troubles digestifs et Auteur.
J’accompagne les personnes qui souffrent de troubles fonctionnels intestinaux comme le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle), SIBO, IMO, dyspepsie ainsi que les personnes qui souffrent de maladies
inflammatoires chroniques intestinales : maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique