- Mar 4, 2025
L’intolérance à l’histamine : causes, symptômes et traitements
- Joris Vanlerberghe
- Intolérance à l'histamine
- 0 comments
Définition de l’intolérance à l’histamine
Qu’est-ce que l’intolérance à l’histamine ?
L'histamine est une amine biologique, synthétisée à partie de l’acide aminé histidine (que l’on retrouve dans l’alimentation). L’histamine est impliquée dans :
La réponse immunitaire,
La régulation de la production d'acide gastrique, et
Le fonctionnement de divers organes.
Elle est métabolisée principalement par :
la diamine oxydase (DAO) dans le tube digestif
l’histamine N-méthyltransférase (HNMT) dans le système nerveux.
L’intolérance à l’histamine survient lorsque le corps ne peut pas la dégrader correctement, entraînant une accumulation qui déclenche des symptômes variés.
Les symptômes de l’intolérance à l’histamine
Les symptômes de l'intolérance à l'histamine sont très vastes et dépendent des systèmes. Dans cette section, nous allons observer les symptômes de l'intolérance à l'histamine pour chaque système du corps !
Symptômes digestifs :
Symptômes : Crampes abdominales, ballonnements, diarrhée, constipation, reflux gastrique, nausées, ballonnements, gaz.
Explication : Dans le système digestif, l’histamine s'accumule en raison d'une faible activité de l'enzyme diamine oxydase : SIBO ? Intestin irritable ?, essentielle pour la dégradation de l'histamine alimentaire. Cette accumulation stimule les récepteurs H2 dans le tractus gastro-intestinal, augmentant la production d’acide gastrique et perturbant la motilité intestinale, ce qui provoque des troubles digestifs chroniques.
Symptômes cutanés
Symptômes : Démangeaisons, rougeurs, urticaire, éruptions cutanées, eczéma, rosacée.
Explication : Ces réactions cutanées sont dues à l’activation des récepteurs H1 de l’histamine dans la peau, entraînant une dilatation des vaisseaux sanguins et une libération de médiateurs inflammatoires. Chez les personnes intolérantes, une carence en DAO entraîne l'accumulation d'histamine, provoquant ces manifestations cutanées rapidement après la consommation d’aliments riches en histamine.
Symptômes neurologiques
Symptômes : Maux de tête, migraines, vertiges.
Explication : L’histamine agit comme un vasodilatateur, stimulant les récepteurs H1 et H3 dans le système nerveux central, ce qui entraîne une dilatation des vaisseaux sanguins dans le cerveau et peut provoquer des migraines et des vertiges. L’accumulation d’histamine, souvent après la consommation de vin rouge ou de poissons en conserve, exacerbe ces symptômes chez les personnes intolérantes.
Symptômes hormonaux et de régulation thermique
Symptômes : Transpiration excessive, bouffées de chaleur, irrégularités menstruelles.
Explication : L’histamine influence la thermorégulation et peut perturber les réponses hormonales, notamment en affectant la libération d'hormones comme l'estradiol. Cela entraîne des symptômes de transpiration excessive, de bouffées de chaleur et des irrégularités du cycle menstruel chez les femmes.
Symptômes musculosquelettiques
Symptômes : Douleurs articulaires, raideurs musculaires.
Explication : L’histamine peut provoquer une inflammation qui affecte les muscles et les articulations. Chez les personnes intolérantes, cette inflammation se manifeste par des douleurs et des raideurs musculaires, surtout après la consommation d’aliments déclencheurs riches en histamine.
Symptômes respiratoires
Symptômes : Congestion nasale, éternuements, asthme, difficulté à respirer.
Explication : L'histamine stimule les voies respiratoires en activant les récepteurs H1, ce qui provoque une inflammation locale et une constriction des bronches. Ces symptômes respiratoires, similaires aux réactions allergiques, sont souvent déclenchés par la consommation de certains aliments riches en histamine.
Symptômes cardiovasculaires
Symptômes : Palpitations, hypotension, sensation de faiblesse.
Explication : L'histamine agit comme un puissant vasodilatateur, provoquant une baisse de la pression artérielle chez certaines personnes. Les récepteurs H1 dans le système cardiovasculaire provoquent une dilatation excessive des vaisseaux, entraînant des palpitations, une sensation de faiblesse et des étourdissements, notamment après des repas riches en histamine.
Symptômes émotionnels et cognitifs
Symptômes : Anxiété, irritabilité, troubles de la concentration.
Explication : En activant les récepteurs H3 dans le cerveau, l'histamine influence la régulation de l’humeur et des fonctions cognitives. Cette accumulation d'histamine dans le cerveau peut provoquer de l'anxiété, de l'irritabilité et des difficultés de concentration, surtout après l'ingestion d'aliments déclencheurs.
Ces symptômes, bien qu'ils puissent varier en intensité, sont souvent exacerbés par la consommation d’aliments contenant de l’histamine.
Intolérance à l’histamine : comment la diagnostiquer ?
Il est essentiel de se rappeler qu'aucun test ne permet de diagnostiquer l'intolérance à l'histamine avec une fiabilité absolue. Différents examens peuvent toutefois orienter vers cette piste, tels que la mesure de l’activité de la DAO, le dosage de l’histamine, la mise en place d'un régime alimentaire pauvre en histamine, ainsi que l'analyse clinique des symptômes liés à l'intolérance à l’histamine.
Ces tests d’intolérance à l’histamine incluent :
Test d’activité de la DAO : Une analyse sanguine permet de mesurer l'activité de cette enzyme et d'identifier un déficit éventuel.
Dosage de l’histamine plasmatique : Mesurer le taux d’histamine dans le sang permet de déterminer si une accumulation est en présente.
Test de provocation alimentaire : Évaluer les réactions du malade après ingestion d'aliments riches en histamine permet de confirmer la sensibilité à cette molécule.
Autres tests complémentaires et approche systématique
Bien que les tests d’activité de la DAO, le dosage de l’histamine plasmatique, et le test de provocation alimentaire soient les méthodes principales, d'autres tests peuvent également être utilisés pour éliminer des causes alternatives et affiner le diagnostic :
Test respiratoire SIBO-IMO : Dans certains cas, la présence du SIBO doit être diagnostiquée car un excès de bactéries dans l’intestin grêle peut affecter l’activité de la DAO.
Bilan nutritionnel : Un bilan des niveaux de vitamines et de minéraux (comme la vitamine B6 et le zinc) peut être effectué, car ces nutriments sont nécessaires à la production de DAO.
Procédure à suivre pour un diagnostic complet :
Consultation initiale avec un médecin pour examiner les antécédents médicaux, les symptômes, et les habitudes alimentaires.
Test d’activité de la DAO pour donner une idée seulement, ces tests ne permettent pas directement de diagnostiquer l’intolérance à l’histamine, ils doivent venir en appuie de l’examen clinique.
Phase d'éviction alimentaire pour éliminer l’histamine de l’alimentation et observer l’amélioration des symptômes : l’amélioration appuie le diagnostic
Phase de réintroduction alimentaire pour réintroduire lentement les aliments et confirmer la sensibilité.
Trouver l’origine de l’intolérance à l’histamine: l’intolérance à l’histamine n’arrive pas par hasard, elle a une cause. Le plus souvent cela peut être provoqué par un microbiote défaillant (SIBO-IMO)
Programme intolérance à l'histamine : 3 étapes pour en finir naturellement
Maladies liées à l’intolérance à l’histamine : SIBO-IMO et SII
Le lien entre SIBO, déficience en DAO, et production excessive d’histamine
Le SIBO est une condition caractérisée par une croissance anormale de bactéries dans l’intestin grêle. Normalement, la majorité des bactéries intestinales se trouve dans le côlon, tandis que l'intestin grêle, avec sa faible densité bactérienne, favorise l'absorption des nutriments et limite la fermentation bactérienne. Dans le SIBO, des bactéries normalement passagères prolifèrent dans l’intestin grêle, ce qui perturbe le microbiote et crée un environnement où les nutriments, comme les FODMAP, sont fermentés de manière excessive, provoquant des ballonnements et autres troubles digestifs.
1. La dégradation de la DAO par l’excès de bactéries dans le SIBO
La diamine oxydase (DAO) est une enzyme cruciale pour la dégradation de l’histamine dans l’intestin grêle. Elle est produite par les cellules de l'intestin et libérée dans la lumière intestinale pour neutraliser l'histamine contenue dans les aliments. Cependant, en présence de SIBO, plusieurs mécanismes peuvent compromettre la disponibilité et l'efficacité de la DAO :
Compétition pour les nutriments : Les bactéries proliférantes dans l’intestin grêle consomment une grande partie des nutriments nécessaires pour la synthèse de la DAO, notamment la vitamine B6 et le zinc. La carence en ces nutriments empêche la production optimale de DAO, compromettant ainsi la capacité de l’organisme à dégrader l’histamine.
Dégradation directe de la DAO : Certaines bactéries présentes en excès dans le SIBO produisent des enzymes qui peuvent dégrader la DAO elle-même. Cela signifie que même si l’organisme produit suffisamment de DAO, l'enzyme est rapidement détruite dans la lumière intestinale avant de pouvoir jouer son rôle.
Dommage à la muqueuse : Les dommages causés par le SIBO entraînent souvent une altération du glycocalyx intestinal (la couche de mucus dans laquelle se trouverait la DAO et autres enzymes), inactive la DAO. De plus, l’inflammation de bas grade créer un environnement défavorable à la régénération des cellules productrices de DAO, aggravant la déficience en cette enzyme.
2. Production excessive d'histamine par les bactéries dans le SIBO
Certaines bactéries, comme les bactéries gram-négatives du type Escherichia coli ou certaines souches de Klebsiella Aerogènes, peuvent produire elles-mêmes de grandes quantités d’histamine. Cela se produit notamment lorsque ces bactéries fermentent les FODMAPs (Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides, and Polyols), des types de glucides présents dans certains aliments.
Les FODMAPs sont mal absorbés dans l’intestin grêle et, lorsqu’ils sont consommés en excès, atteignent l'intestin inférieur où les bactéries les fermentent.
Dans le cas du SIBO, ces FODMAP sont fermentés directement dans l’intestin grêle, produisant des gaz et des métabolites, dont l’histamine. Ce processus se déroule ainsi :
Fermentation des FODMAPs en métabolites riches en histamine : Les bactéries du SIBO (Klebsiella Aerogènes) utilisent les FODMAPs comme nourriture, les fermentant en acides gras volatils, en gaz (comme le méthane et l'hydrogène) et en histamine.
Dérégulation des mastocytes : Les produits de fermentation bactérienne peuvent également activer les mastocytes présents dans la paroi intestinale. Ces mastocytes libèrent alors de l'histamine comme réaction inflammatoire, aggravant davantage l'accumulation de cette molécule dans l'intestin.
3. Cercle vicieux entre SIBO, déficience en DAO et accumulation d’histamine
Le SIBO crée un cercle vicieux dans lequel l’accumulation d’histamine aggrave la santé intestinale, tandis que la déficience en DAO empêche le corps de contrôler cette accumulation.
Voici comment ce cycle s’entretient :
Accumulation d’histamine : En raison de la prolifération bactérienne et de la production d’histamine à partir de l'alimentation, les niveaux d’histamine dans l’intestin grêle augmentent rapidement.
Déficience en DAO : L’inflammation et la consommation de nutriments par les bactéries réduisent la production et l’efficacité de la DAO, empêchant la dégradation de l’histamine.
Dommages à la paroi intestinale : L’excès d’histamine augmente la perméabilité intestinale et favorise une réponse inflammatoire, affaiblissant encore davantage les cellules de la paroi intestinale qui produisent la DAO.
Récurrence des symptômes : À mesure que la production d’histamine s’accroît et que la DAO est moins efficace, les symptômes de l’intolérance à l’histamine s’intensifient, rendant la gestion des symptômes de plus en plus difficile.
Ce cercle vicieux peut être rompu en réduisant le SIBO par des interventions alimentaires ou antibiotiques et en rétablissant la production de DAO par des apports en nutriments spécifiques ou des compléments de DAO.
Intolérance à l’histamine : aliments à favoriser liste pdf
Dans cette liste vous trouverez des aliments pauvres en histamine (pdf) classés par :
Viande poisson oeuf
Produits laitiers
Céréales féculents
Matières grasses
Fruits et légumes
Condiments & boisson
Téléchargez ci-dessous la liste des aliments pauvres en histamine
Intolérance à l'histamine : traitements naturel
Les compléments alimentaires peuvent aider à gérer les symptômes en soutenant la dégradation de l'histamine ou en stabilisant les mastocytes, cellules responsables de la libération d’histamine.
DAO exogène
La prise de compléments de DAO aide à compenser la déficience de cette enzyme, surtout avant les repas. La DAO d’origine porcine ou végétale est souvent prescrite sous forme de gélules. Elle aide à dégrader l’histamine dans le tractus digestif, réduisant ainsi la quantité d'histamine qui pénètre dans le sang. Il semblerait que la DAO d'origine animale soit plus efficace.
Vitamines et minéraux : vitamine B6 et zinc
La vitamine B6 et le zinc sont essentiels à la production de DAO. La carence en B6 et en zinc est courante chez les personnes ayant une mauvaise absorption intestinale, comme dans les cas de SIBO et de SII. Leur complémentation peut améliorer la capacité du corps à produire de la DAO, réduisant ainsi l’accumulation d’histamine.
Vitamine C
La vitamine C est un antioxydant naturel qui agit comme un stabilisateur de mastocytes, réduisant ainsi la libération d’histamine dans le sang. Elle est particulièrement utile pour réduire les symptômes d'intolérance et renforcer le système immunitaire. Des études montrent que la vitamine C réduit les niveaux plasmatiques d’histamine, soulageant ainsi les réactions inflammatoires.
Quercétine
La quercétine est un flavonoïde naturel qui stabilise les mastocytes et empêche la libération d'histamine. Elle est particulièrement efficace pour les symptômes respiratoires et cutanés. En complément alimentaire, elle agit comme un anti-inflammatoire naturel et peut être utilisée en association avec la vitamine C pour un effet synergique.
Probiotiques spécifiques
Les probiotiques spécifiques, comme Lactobacillus rhamnosus et Bifidobacterium infantis, peuvent aider à rééquilibrer le microbiote intestinal, particulièrement en cas de SIBO. Ces probiotiques sont choisis pour leurs propriétés anti-inflammatoires et leur capacité à dégrader l’histamine. Ils sont également utiles pour renforcer la barrière intestinale, réduisant ainsi la perméabilité.
Intolérance à l'histamine, les médicaments utiles
En complément des suppléments, certains médicaments peuvent être prescrits pour aider à réduire les symptômes de l’intolérance à l’histamine.
Antihistaminiques H1 et H2 : Ils bloquent les récepteurs de l’histamine, réduisant ainsi les symptômes.
Enzyme DAO en supplément : Utile en cas de déficience avérée, surtout avant les repas. (Préparation magistrale en pharmacie sous ordonnance).
Cromoglycate de sodium : Un stabilisateur des mastocytes qui aide à prévenir la libération d’histamine.
Se faire aider
Un naturopathe peut proposer des solutions naturelles pour traiter les causes sous-jacentes de l’intolérance à l’histamine. Il peut recommander des plantes anti-inflammatoires (comme la curcumine) et des probiotiques spécifiques. Une approche combinée entre naturopathie et médecine conventionnelle peut souvent offrir un soulagement plus durable.
Conclusion
L’intolérance à l’histamine, bien qu'elle soit complexe, peut être gérée grâce à un régime alimentaire adapté, des compléments spécifiques, et une prise en charge médicale adaptée. En comprenant mieux les causes et en utilisant des stratégies ciblées, il est possible de réduire les symptômes et d'améliorer la qualité de vie des personnes affectées par cette condition.
À propos de l'auteur
Je suis Joris Vanlerberghe, naturopathe spécialisé dans les troubles digestifs et Auteur.
J’accompagne les personnes qui souffrent de troubles fonctionnels intestinaux comme le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle), SIBO, IMO, dyspepsie ainsi que les personnes qui souffrent de maladies
inflammatoires chroniques intestinales : maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique