- Nov 7, 2025
Nerf vague : lien étroit avec les troubles digestifs
- Joris Vanlerberghe
- Intestin irritable, MICI : Crohn et Rectocolite
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Le nerf vague joue un rôle majeur dans la digestion. Une activité vagale diminuée perturbe la motilité, augmente l’hypersensibilité abdominale et influence l’inflammation. Le nerf vague troubles digestifs résume l’importance de ce nerf dans la compréhension des douleurs abdominales, de la dyspepsie fonctionnelle, du syndrome de l’intestin irritable et des maladies inflammatoires.
L’étude analyse 644 patients à travers sept essais randomisés contrôlés, utilisant différentes formes de stimulation vagale, principalement auriculaire et périauriculaire.
Nerf vague troubles digestifs : comprendre son rôle
Anatomie et rôle du nerf vague
Le nerf vague est composé de :
80 % de fibres afférentes responsables de la transmission des signaux digestifs vers le système nerveux central. Ces fibres partent du tube digestif, convergent le tronc cérébral chargé de recevoir et d’analyser les informations des intestins : douleur, distension abdominale, signaux mécano-chimiosensitifs.
20 % de fibres efférentes qui assurent la modulation parasympathique descendante : régulation de la motilité, des sécrétions digestives et activation de l’arc cholinergique anti-inflammatoire influençant la production de cytokines.
Le nerf vague fonctionne comme une grande autoroute reliant directement le cerveau et l’intestin, avec des messages qui circulent dans les deux sens.
Le nerf vague devient alors un acteur majeur dans :
La motricité intestinale, les sécrétions digestive,
Perception de la douleur viscérale, distension abdominale, signaux chimiques (provenant de bactéries intestinales)
Inflammation au sein de l’axe intestin–cerveau.
Rôle du nerf vague dans la digestion
Types de stimulation du nerf vague étudiés
Différentes formes de stimulation du nerf vague sont décrites dans la publication, mais la stimulation invasive, qui nécessite une intervention chirurgicale, n’a pas été utilisée dans les essais analysés.
Voici une image provenant de la revue permettant de comprendre les différents types de stimulation proposées.
Dans l’étude, seules deux stimulations ont été utilisées :
taVNS (stimulation vagale transcutanée auriculaire) → oui
PENFS (stimulation périauriculaire par champs électriques : micro-électrodes) → oui
Les deux autres n’ont pas été utilisées :
iVNS (stimulation vagale invasive cervicale) → non
tcVNS (stimulation vagale transcutanée cervicale → non
1. Dyspepsie fonctionnelle
Les essais consacrés à la dyspepsie fonctionnelle ont utilisé la stimulation vagale transcutanée auriculaire (taVNS) appliquée à deux fréquences distinctes :
10 Hz et
25 Hz.
Les deux fréquences ont été comparées à une stimulation sham (fausse stimulation). Les résultats montrent des effets robustes sur les symptômes post-prandiaux (après les repas), la douleur gastrique, les ballonnements et plusieurs marqueurs physiologiques tels que les ondes lentes gastriques.
Les données exactes issues de la publication sont présentées ci-dessous :
Résultats précis dyspepsie fonctionnelle
Ces essais montrent également une amélioration significative :
de l’anxiété,
de la dépression,
de la qualité de vie,
Un autre essai inclus dans la même analyse rapporte une efficacité clinique de 91,11 % dans le groupe stimulation contre 68,89 % dans le groupe sham, confirmant la cohérence des résultats sur l’ensemble des études.
2. Syndrome de l’intestin irritable (SII)
Les résultats proviennent de deux groupes d’études distincts :
un essai utilisant la stimulation périauriculaire (PENFS) chez 51 patients ayant un SII selon Rome III,
un essai utilisant la stimulation auriculaire (taVNS) chez 42 patients ayant un SII à prédominance constipation.
Les deux approches montrent des bénéfices clairs mais sur des dimensions différentes (douleur vs transit + inflammation).
a) SII : 51 patients, stimulation périauriculaire
Après trois semaines de stimulation périauriculaire, une réduction d’au moins 30 % de la douleur abdominale maximale est significativement plus fréquente qu’avec la stimulation factice.
Les scores de douleur et de douleur habituelle s’améliorent également. Lors du suivi à 8–12 semaines, l’effet n’est plus significatif. L’amélioration globale des symptômes est observée chez 81 % des patients traités contre 26 % dans le groupe sham (fausses stimulations).
L’étude montre que l’effet maximal apparaît pendant la période de traitement. Cependant, l’avantage n’est plus significatif après 8 à 12 semaines d’arrêt, ce qui suggère un effet qui n’est pas durable sans poursuite de stimulation
SII-C, 42 patients : stimulation auriculaire
Cet essai utilise la stimulation vagale auriculaire transcutanée (taVNS) pendant 4 semaines. Cela améliore à la fois
La fréquence des selles,
La douleur abdominale,
La sévérité globale des symptômes
La qualité de vie par rapport à la stimulation factice.
Les mesures physiologiques ano-rectales (manométrie haute résolution) s’améliorent également.
Enfin, des marqueurs inflammatoires circulants diminuent nettement après stimulation, et ces niveaux restent plus bas que dans le groupe factice.
Tableau : résultats précis (SII-constipation, 4 semaines de stimulation auriculaire transcutanée)
Marqueurs inflammatoires
Il existe 2 marqueurs inflammatoires intéressants que sont le TNF-alpha et l'IL-6 (interleukine). Lorsque une grande quantité de ces marqueurs circulent, alors il y a une augmentation de l'inflammation. Hors pendant la stimulation, ces 2 marqueurs ont diminué !
TNF-a : diminution significative par rapport au départ et niveaux post-stimulation plus bas que post-factice
Interleukine 6 : diminution significative par rapport au départ et niveaux post-stimulation plus bas que post-factice.
Ces données soutiennent un double effet :
Antalgique (réduction de la douleur et de la sévérité des symptômes) et
Anti-inflammatoire systémique (diminution des cytokines pro-inflammatoires) après quatre semaines de stimulation auriculaire transcutanée chez des adultes avec forme constipation du SII.
3. MICI : maladies inflammatoires intestinales (22 patients)
L’essai sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin inclut 22 adolescents atteints soit de maladie de Crohn, soit de rectocolite hémorragique, traités par stimulation vagale auriculaire transcutanée (taVNS).
Les résultats portent à la fois sur l’activité clinique de la maladie et sur l’inflammation biologique mesurée par la calprotectine fécale.
Résultats cliniques (activité de la maladie)
Une réponse clinique rapide est observée chez certains patients dès les premières semaines de traitement.
Ces résultats montrent une amélioration clinique notable, bien que l’échantillon soit réduit.
Résultats biologiques : Calprotectine fécale
La calprotectine fécale constitue le marqueur central dans cette étude. Les patients recevant la stimulation vagale montrent une diminution significative de l’inflammation intestinale comparée au groupe factice.
Tableau : Calprotectine fécale (tous patients)
Ces chiffres montrent une réduction franche et statistiquement significative de l’inflammation chez la majorité des patients.
Analyses par sous-groupes
L’étude détaille les résultats séparément pour la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.
a) Sous-groupe : maladie de Crohn
b) Sous-groupe : rectocolite hémorragique
Bien que les p-values ne franchissent pas le seuil de significativité en sous-groupes, les réductions restent très importantes en amplitude, avec des baisses proches ou supérieures à 50 % dans les deux maladies. Des études sur de plus gros échantillons seront nécessaires pour confirmer ou non ces résultats.
Résumé
Une réponse clinique apparaît rapidement chez une partie des patients.
La calprotectine fécale diminue nettement, avec une différence significative par rapport au groupe factice.
Les réductions >50 % sont fréquentes (64,7 % des patients).
Les sous-groupes montrent des baisses importantes mais non significatives statistiquement (échantillons trop faibles).
4. Douleurs abdominales fonctionnelles (pédiatrie)
Réduction des scores de douleur (pain frequency-severity-duration) : P < 0,05
Amélioration des symptômes globaux (SRS) : P < 0,05
Synthèse des résultats
Les résultats des différents essais cliniques peuvent être regroupés dans un tableau comparatif résumant les taux de réponse et les principaux effets observés pour chaque pathologie étudiée.
Conclusion
Les données issues de cette publication montrent de manière cohérente que la stimulation du nerf vague, qu’elle soit auriculaire (taVNS) ou périauriculaire (PENFS), exerce des effets mesurables sur plusieurs dimensions clés des troubles digestifs fonctionnels et inflammatoires.
Dans la dyspepsie fonctionnelle, la stimulation modifie des paramètres physiologiques précis tels que les ondes lentes gastriques et l’accommodation post-prandiale, tout en réduisant la douleur, les ballonnements et les scores émotionnels associés.
Dans le syndrome de l’intestin irritable, les résultats montrent une réduction significative de la douleur abdominale, une amélioration des symptômes globaux, et dans la forme constipation prédominante, un impact mesurable sur la fréquence des selles, la sévérité du SII, la motricité ano-rectale, ainsi qu’une diminution de TNF-α et IL-6, suggérant un effet anti-inflammatoire systémique.
Dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (crohn et rectocolite), la stimulation vagale s’accompagne d’une diminution marquée de la calprotectine fécale, ainsi que d’une proportion non négligeable de patients atteignant une réponse clinique ou une rémission. Les résultats sont particulièrement robustes pour la baisse de la calprotectine, avec une réduction médiane importante et une différence nette par rapport au groupe qui a reçu une fausse stimulation.
Enfin, dans les douleurs abdominales fonctionnelles pédiatriques, la stimulation périauriculaire réduit l’intensité et la fréquence des douleurs, montrant un bénéfice clinique reproductible.
Dans l’ensemble, la publication met en évidence une cohérence transversale : quel que soit le trouble étudié, les stimulations du nerf vague tendent à améliorer la douleur, la motilité, les symptômes digestifs globaux, et plusieurs biomarqueurs inflammatoires.
Malgré la diversité des dispositifs et des fréquences, les études convergent vers une même direction, suggérant que l’activation vagale représente une piste thérapeutique crédible et biologiquement plausible pour plusieurs troubles digestifs fonctionnels et inflammatoires.
Référence
Veldman F, Hawinkels K, Keszthelyi D. Efficacy of vagus nerve stimulation in gastrointestinal disorders: a systematic review. Gastroenterol Rep (Oxf). 2025 Jan 26;13:goaf009. doi: 10.1093/gastro/goaf009. PMID: 39867596; PMCID: PMC11769675.
À propos de l'auteur
Je suis Joris Vanlerberghe, naturopathe spécialisé dans les troubles digestifs et Auteur.
J’accompagne les personnes qui souffrent de troubles fonctionnels intestinaux comme le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle), SIBO, IMO, dyspepsie ainsi que les personnes qui souffrent de maladies
inflammatoires chroniques intestinales : maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique