Diagnostiquer le syndrome de l’intestin irritable (SII) : critères, tests et examens

Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est un trouble fonctionnel digestif qui se manifeste par des douleurs abdominales, des troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux) et des ballonnements.

Son diagnostic repose principalement sur des critères cliniques, car il n’existe pas de test spécifique permettant de le détecter. Cet article détaille les différentes étapes du diagnostic du SII, les critères médicaux utilisés et les examens complémentaires permettant d’exclure d’autres pathologies.

1. Les critères diagnostiques du SII

Le SII est un diagnostic d’exclusion, ce qui signifie qu’il est posé après avoir éliminé d’autres causes organiques. Il repose sur des critères bien définis, appelés critères de Rome IV :

• Douleurs abdominales récurrentes, au moins une fois par semaine au cours des trois derniers mois associées à 2 ou plus des critères suivant :

  • 1. La défécation

  • Un changement dans la fréquence des selles

  • Un changement dans la forme des selles

Pour poser le diagnostic, les symptômes doivent être présents depuis au moins six mois et ne pas être expliqués par une autre maladie digestive.

2. L’interrogatoire médical et l’examen clinique

Le médecin commence par un entretien détaillé pour analyser les symptômes et leur impact sur la qualité de vie. Il cherche à identifier :

• Le type de troubles du transit : constipation, diarrhée ou alternance.

• Les facteurs déclenchants ou aggravants : alimentation, stress, cycle menstruel.

• La présence de symptômes extra-digestifs : fatigue, douleurs musculaires, anxiété.

• L’absence de signes d’alarme, qui nécessiteraient des examens plus approfondis (perte de poids inexpliquée, sang dans les selles, fièvre, douleurs nocturnes, antécédents familiaux de maladies digestives sévères).

L’examen physique permet de vérifier l’absence d’anomalies visibles ou palpables au niveau de l’abdomen. Une sensibilité accrue à la palpation peut être observée chez les patients atteints de SII.

3. Les examens complémentaires : éliminer les autres pathologies

Le diagnostic du SII étant un diagnostic d’exclusion, certains examens sont parfois nécessaires pour écarter d’autres troubles digestifs présentant des symptômes similaires.

a) Analyses sanguines

Les prises de sang permettent d’exclure certaines pathologies inflammatoires ou carentielles :

• Numération formule sanguine (NFS) : pour rechercher une anémie (qui pourrait indiquer une maladie inflammatoire ou une malabsorption).

• Protéine C-réactive (CRP) et vitesse de sédimentation (VS) : pour détecter une inflammation chronique (présente dans la maladie de Crohn, par exemple).

• Dosage de la ferritine, de la vitamine B12 et de l’acide folique : en cas de suspicion de malabsorption.

b) Dépistage de la maladie cœliaque

La maladie cœliaque peut provoquer des troubles digestifs similaires au SII. Un test sanguin des anticorps anti-transglutaminase IgA est généralement réalisé pour l’écarter.

c) Analyse des selles

Un coproculture ou un test des calprotectines fécales peut être prescrit pour détecter une infection intestinale ou une inflammation du côlon (comme dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin).

d) Coloscopie et endoscopie

Une coloscopie peut être recommandée si des signes d’alarme sont présents, notamment :

• Sang dans les selles.

• Perte de poids inexpliquée.

• Antécédents familiaux de cancer colorectal ou de maladie inflammatoire intestinale.

e) Echographie - IRM

Chez les femmes, une échographie ou une IRM pourrait permettre d'exclure la présence d'endométriose (souvent associée au SII).

A lire : SIBO et endométriose : un lien très important

Chez les patients ayant des symptômes digestifs hauts (reflux, nausées, douleurs épigastriques), une gastroscopie peut être envisagée pour exclure une gastrite ou une infection à Helicobacter pylori.

4. Tests spécifiques pour affiner le diagnostic

a) Test respiratoire au lactose et au fructose

Une intolérance au lactose ou au fructose peut provoquer des ballonnements, des gaz et des diarrhées. Un test respiratoire mesurant l’hydrogène expiré après ingestion de lactose ou de fructose peut aider à détecter ces intolérances.

b) Test respiratoire au glucose ou lactulose (SIBO-IMO)

Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth), une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle, peut causer des symptômes similaires au SII. Il est diagnostiqué grâce à un test respiratoire qui mesure la production d’hydrogène et de méthane après ingestion de glucose ou de lactulose.

A lire : Tout savoir sur le SIBO et l'IMO

c) Mesure du temps de transit intestinal

Chez les patients souffrant de constipation chronique, une radiographie du transit aux marqueurs permet d’évaluer la vitesse du transit colique et de différencier une constipation fonctionnelle d’un ralentissement global du transit.

5. Différencier le SII des autres troubles digestifs

Le SII peut être confondu avec plusieurs pathologies digestives :

• Maladies inflammatoires de l’intestin (Crohn, rectocolite hémorragique) : souvent associées à une inflammation visible à la coloscopie et une élévation des calprotectines fécales.

• Intolérances alimentaires : l’intolérance au lactose, au fructose ou une hypersensibilité aux FODMAPs peuvent provoquer des symptômes similaires.

• Endométriose digestive : chez les femmes, des douleurs digestives cycliques peuvent être liées à une endométriose infiltrant l’intestin.

• Troubles fonctionnels digestifs associés : dyspepsie fonctionnelle, reflux gastro-œsophagien.

Conclusion

Le diagnostic du syndrome de l’intestin irritable repose sur des critères cliniques précis, selon les critères de Rome IV. Des examens complémentaires sont parfois nécessaires pour éliminer des maladies organiques aux symptômes similaires. Une approche personnalisée permet d’affiner le diagnostic et d’optimiser la prise en charge des patients.